10 ans après les attentats de Saint-Michel, quelles menaces pour la France

Publié le par Le Net Et Ses Dangers

   Ali Laïdi  - 10 ans après les attentats de Saint-Michel, quelles menaces pour la France ?

Ali Laïdi, chercheur à l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), spécialiste des questions de terrorisme, nous donne son avis sur la réalité de la menace terroriste en France.

On parle beaucoup du GSPC comme un groupe terroriste capable de frapper en France ?  En effet. Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a été créé en 1998. Il est le résultat d’une scission au sein des GIA algériens. Ce groupe refusait la pente mortifère et ultra violente des GIA responsables de plusieurs massacres de villageois à partir de 1995. Le GSPC a une vision plus politique de l’action terroriste. Il ne frappe que les militaires et les civils proches du pouvoir. D’autre part, le GSPC aurait été créé à la demande des cadres d’Al-Qaïda qui se méfiaient des GIA trop poreux aux infiltrations des services de sécurité algériens. Après l’échec des GIA, Hassan Hattab, fondateur du GSPC, a voulu récupérer toutes les cellules en Algérie et en Europe des GIA. Cela a donné lieu à des combats très violents entre les deux groupes. Jusqu’à présent le GSPC a concentré sa lutte sur le territoire algérien. Aujourd’hui on pense que si Al-Qaïda voulait frapper la France, elle pourrait en effet solliciter ses réseaux.

Le GSPC est donc inféodé à Al-Qaïda ? Les choses ne sont pas aussi simples qu’elles n’y paraissent. La nébuleuse terroriste n’est pas monolithique. Il y a un débat très important parmi ses membres sur les cibles et les objectifs. On peut résumer la situation ainsi : d’un côté les « nationaux » qui pensent que le combat prioritaire doit mener au renversement de leur gouvernement. De l’autre, les « internationalistes » qui estiment que la stratégie nationale est vaine et qu’il faut « mondialiser » les attentats en frappant les occidentaux. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, les seconds semblent avoir le vent en poupe. Alors on peut se demander ce qui ferait passer le GSPC à l’action sur notre territoire. Peut-être serait-ce par allégeance à Al-Qaïda, mais peut-être aussi parce qu’il reproche toujours à la France de soutenir le régime algérien ? Mais le GSPC sait que la décision est à double tranchant : des attentats en France entraîneraient immédiatement une répression qui déstabiliserait ses bases arrières en Europe.

Les services de sécurité français sont-ils bien armés pour faire face à cette menace ? Dans le terrorisme comme dans les autres domaines, le risque zéro n’existe pas. Cela dit, il est vrai que les services de sécurité français connaissent leurs dossiers. Cette expertise réputée dans le monde entier vient hélas d’une expérience particulièrement dramatique. Rappelons que durant ces vingt dernières années, la France a été victime de deux vagues d’attentats. En 1986, le réseau de Fouad Ali Saleh frappe à plusieurs reprises dans la capitale française. En 1995, Kelkal et ses amis organisent plusieurs attentats en France. Nous commémorons d’ailleurs ces jours-ci le dixième anniversaire des attentats du RER B de Saint-Michel. Outre les compétences techniques, on trouve d’excellents experts parmi les policiers français qui connaissent parfaitement la mentalité des populations sous surveillance. Ce n’est donc pas par hasard que la CIA a annoncé il y a quelques semaines qu’elle installait, avec l’aide de la DGSE, une importante plate-forme de lutte antiterroriste en France.

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